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Bierstube Magie allemande

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Message par Admin Mer 17 Aoû - 16:01

Bierstube Magie allemande 
Et douces comme un lait d'amandes 
Mina Linda lèvres gourmandes 
Qui tant souhaitent d'être crues 
A fredonner tout bas s'obstinent 
L'air Ach du lieber Augustin 
Qu'un passant siffle dans la rue


Sofienstrasse Ma mémoire 
Retrouve la chambre et l'armoire 
L'eau qui chante dans la bouilloire 
Les phrases des coussins brodés 
L'abat-jour de fausse opaline 
Le Toteninsel de Boecklin 
Et le peignoir de mousseline 
Qui s'ouvre en donnant des idées


Au plaisir prise et toujours prête 
Ô Gaense-Liesel des défaites 
Tout à coup tu tournais la tête 
Et tu m'offrais comme cela 
La tentation de ta nuque 
Demoiselle de Sarrebrück 
Qui descendais faire le truc 
Pour un morceau de chocolat


Et moi pour la juger que suis-je 
Pauvres bonheurs pauvres vertiges 
Il s'est tant perdu de prodiges 
Que je ne m'y reconnais plus 
Rencontres Partances hâtives 
Est-ce ainsi que les hommes vivent 
Et leurs baisers au loin les suivent 
Comme des soleils révolus


Tout est affaire de décors 
Changer de lit changer de corps 
À quoi bon puisque c'est encore 
Moi qui moi-même me trahis 
Moi qui me traîne et m'éparpille 
Et mon ombre se déshabille 
Dans les bras semblables des filles 
Où j'ai cru trouver un pays


Coeur léger coeur changeant coeur lourd 
Le temps de rêver est bien court 
Que faut-il faire de mes jours 
Que faut-il faire de mes nuits 
Je n'avais amour ni demeure 
Nulle part où je vive ou meure 
Je passais comme la rumeur 
Je m'endormais comme le bruit


C'était un temps déraisonnable 
On avait mis les morts à table 
On faisait des châteaux de sable 
On prenait les loups pour des chiens 
Tout changeait de pôle et d'épaule 
La pièce était-elle ou non drôle 
Moi si j'y tenait mal mon rôle 
C'était de n'y comprendre rien


Dans le quartier Hohenzollern 
Entre la Sarre et les casernes 
Comme les fleurs de la luzerne 
Fleurissaient les seins de Lola 
Elle avait un coeur d'hirondelle 
Sur le canapé du bordel 
Je venais m'allonger près d'elle 
Dans les hoquets du pianola


Elle était brune et pourtant blanche 
Ses cheveux tombaient sur ses hanches 
Et la semaine et le dimanche 
Elle ouvrait à tous ses bras nus 
Elle avait des yeux de faïence 
Et travaillait avec vaillance 
Pour un artilleur de Mayence 
Qui n'en est jamais revenu


Il est d'autres soldats en ville 
Et la nuit montent les civils 
Remets du rimmel à tes cils 
Lola qui t'en iras bientôt 
Encore un verre de liqueur 
Ce fut en avril à cinq heures 
Au petit jour que dans ton coeur 
Un dragon plongea son couteau


Le ciel était gris de nuages 
Il y volait des oies sauvages 
Qui criaient la mort au passage 
Au-dessus des maisons des quais 
Je les voyais par la fenêtre 
Leur chant triste entrait dans mon être 
Et je croyais y reconnaître 
Du Rainer Maria Rilke.
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