Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

Lever

 :: A :: Louis Aragon

Aller en bas

Lever Empty Lever

Message par Admin Mer 17 Aoû - 15:32

Exténué de nuit 
Rompu par le sommeil 
Comment ouvrir les yeux 
Réveil-matin. 
Le corps fuit dans les draps mystérieux du rêve 
Toute la fatigue du monde 
Le regret du roman de l'ombre 
Le songe 
où je mordais Pastèque interrompue 
Mille raisons de faire le sourd 
La pendule annonce le jour d'une voix blanche 
Deuil d'enfant paresser encore 
Lycéen j'avais le dimanche 
comme un ballon dans les deux mains 
Le jour du cirque et des amis 
Les amis 
Des pommes des pêches 
sous leurs casquettes genre anglais 
Mollets nus et nos lavalières 
Au printemps 
On voit des lavoirs sur la Seine 
des baleines couleur de nuée 
L'hiver 
On souffle en l'air Buée 
À qui en fera le plus 
Pivoine de Mars Camarades 
Vos cache-nez volent au vent 
par élégance 
L'âge ingrat sortes de mascarades 
Drôles de voix hors des faux-cols 
On rit trop fort pour être gais 
Je me sens gauche rouge Craintes 
Mes manches courtes 
Toutes les femmes sont trop peintes 
et portent des jupons trop propres 
CHAMBRES GARNIES 


Quand y va-t-on 


HOTEL MEUBLÉ 
Boutonné jusqu'au menton 
J'essaierai à la mi-carême 
Aux vacances de Pâques 
on balance encore 
Les jours semblent longs et si pâles 
Il vaut mieux attendre l'été 
les grandes chaleurs 
la paille des granges 
le pré libre et large 
au bout de l'année scolaire 
la campagne en marge du temps 
les costumes de toile clairs 
On me donnerait dix-sept ans 
Avec mon canotier 
mon auréole 
Elle tombe et roule 
sur le plancher des stations balnéaires 
Le sable qu'on boit dans la brise 
Eau-de-vie à paillettes d'or 
La saison me grise. 
Mais surtout 
Ce qui va droit au cœur 
Ce qui parle. 
La mer 
La perfidie amère des marées 
Les cheveux longs du flot 
Les algues s'enroulent au bras du nageur 
Parfois la vague 
Musique du sol et de l'eau 
me soulève comme une plume 
En haut 
L'écume danse le soleil 
Alors 
l'émoi me prend par la taille 
Descente à pic 
Jusqu'à l'orteil 
un frisson court Oiseau des îles 
Le désir me perd par les membres 
Tout retourne à son élément 
Mensonge 
Ici le dormeur fait gémir le sommier 
Les cartes brouillées 
Les cartes d'images 


Dans le Hall de la galerie des Machines les mains 
fardées pour l'amour les mannequins passent d'un air 
prétentieux comme pendant un steeple-chase Les 
pianos de l'Æolian Company assurent le succès de la 
fête Les mendiants apportent tout leur or pour assister 
au spectacle On a dépensé sans compter et personne 
ne songe plus au lendemain Personne excepté l'ibis 
lumineux suspendu par erreur au plafond en guise de 
lustre 


La lumière tombe d'aplomb sur les paupières 
Dans la chambre nue à dessein 
DEBOUT 
L'ombre recule et le dessin du papier 
sur les murs 
se met à grimacer des visages bourgeois 
La vie 
le repas froid commence 
Le plus dur les pieds sur les planches 
et la glace renvoie une figure longue 


Un miracle d'éponge et de bleu de lessive 
La cuvette et le jour 
Ellipse 
qu'on ferme d'une main malhabile 
Les objets de toilette 
Je ne sais plus leur noms 
trop tendres à mes lèvres 
Le pot à eau si lourd 
La houppe charmante 
Le prestige inouï de l'alcool de menthe 
Le souffle odorant de l'amour 
Le miroir ce matin me résume le monde 
Pièce ébauchée 
Le regard monte 
et suit le geste des bras qui s'achève en linge 
en pitié 
Mon portrait me fixe et dit Songe 
sans en mourir au gagne-pain 
au travail tout le long du jour 
L'habitude 
Le pli pris 
L'habit gris 
Servitude 
Une fois par hasard 
regarde le soleil en face 
Fais crouler les murs les devoirs 
Que sais-tu si j'envie être libre et sans place 
simple reflet peint sur le verre 
Donc écris 
À l'étude 
Faux Latude 
Et souris 


que les châles 
les yeux morts 
les fards pâles 
et les corps 
n'appartiennent 
qu'aux riches 
Le tapis déchiré par endroits 
Le plafond trop voisin 
Que la vie est étroite 
Tout de même j'en ai assez 
Sortira-t-on Je suis à bout 
Casser cet univers sur le genou ployé 
Bois sec dont on ferait des flammes singulières 
Ah taper sur la table à midi 
que le vin se renverse 
qu'il submerge 
les hommes à la mâchoire carrée 
marteaux pilons 
Alors se lèveront les poneys 
les jeunes gens 
en bande par la main par les villes 
en promenade 
pour chanter 
à bride abattue à gorge déployée 
comme un drapeau 
la beauté la seule vertu 
qui tende encore ses mains pures.
Admin
Admin
Admin
Admin

Messages : 386
Date d'inscription : 25/06/2016
Localisation : Chez vous

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 :: A :: Louis Aragon

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum